POSTFACE

Loin de la réalité

 

Comment un événement de la vie réelle peut-il déboucher sur une idée de roman ? Ou plutôt, chaque existence étant fertile en événements, comment un incident en particulier peut-il surnager dans votre mémoire jusqu’à ce que le déclic se fasse ? Parfois, il est possible de reconstruire le processus et même d’entrevoir une méthode. Dans mon cas précis, voilà ce qui s’est passé.

Il y a une dizaine d’années, j’habitais dans un village du nom de Pewsey, situé à l’ouest de Londres, à une heure et demie de route de la capitale. En pleine cambrousse, entouré de collines, de fermes et de grandes plaines servant de terrain d’entraînement pour l’armée anglaise, Pewsey n’est pas un endroit très spectaculaire, mais la vie y est agréable. Stonehenge et Avebury Circle ne sont pas très éloignés, tout comme l’autoroute M4, qui relie Londres au sud du pays de Galles.

En ce temps-là, avec David Langford, je dirigeais une petite entreprise de vente de logiciels par correspondance. Afin de tenir nos archives, une fois par semaine, je prenais ma voiture pour me rendre chez Dave, qui habitait à Reading, à une heure de là.

J’empruntais une route étroite et sinueuse qui bordait la plaine de Salisbury, au nord, pour rejoindre la M4 près de Hungerford, une jolie petite ville en bordure d’une rivière et enchâssée au cœur d’une vallée.

Par une belle journée d’août 1987, je roulais vers Hungerford par la route habituelle, le cerveau en roue libre. Je connaissais le chemin, il n’y avait que peu de circulation, et mon esprit pouvait vagabonder tout son saoul. Le chemin qui mène de Pewsey à Hungerford passe par des champs ouverts jusqu’à ce que, en une transition brutale, on aborde l’orée de la ville. La route descend gentiment entre les maisons et débouche presque immédiatement sur la grand-rue.

Ce jour-là, en m’approchant de la ville, je remarquai ce qui, à première vue, m’apparut comme une grande lumière dans le ciel, quelque part sur ma droite. Lorsque je regardai dans sa direction, je ne pus la distinguer avec précision, bien que je sache qu’elle était là. C’était étrange et désorientant. Lorsque je regardai à nouveau devant moi, la lumière se remit à briller, là, à la périphérie de ma vision.

Parfois, il m’arrive d’avoir des migraines. Comme le savent ceux qui souffrent du même mal, c’est souvent ainsi que s’annonce une attaque : par la vision d’une lumière invisible à la périphérie de votre champ de vision. J’eus un grognement : impossible de conduire lorsque la migraine vous martèle le crâne de toutes ses forces. Je vis un emplacement en bordure de route et m’y arrêtai. Autant décider tranquillement si je préférais continuer mon chemin, rentrer chez moi ou juste attendre que la crise passe.

Je descendis de voiture et m’orientai. Je n’étais qu’à quelques centaines de mètres de Hungerford et pouvais entrevoir certains bâtiments de la ville. Je ne ressentis pas d’autre symptôme annonciateur de migraine, mais l’étrange lueur persistait. Si je pouvais désormais regarder dans sa direction, je n’arrivais pas à en discerner la cause. Dans cette partie du monde, il n’est pas rare d’apercevoir d’étranges lumières dans le ciel, mais elles ont toujours un rapport avec des exercices militaires dans la plaine de Salisbury.

La migraine, si c’était bien ça, ne s’aggrava pas et, au bout de quelques minutes, la lumière disparut elle aussi. Je notai mentalement sa direction, « de là où je me trouvais, elle semblait planer au-dessus d’une école située en bordure de ville », puis repris ma route.

Tout cela n’avait guère duré plus d’une minute. Je traversai lentement le centre de Hungerford, « dans la grand-rue, la circulation s’écoule toujours au ralenti », et quelques minutes plus tard j’atteignais l’autoroute et oubliais toute cette histoire.

Une heure et demie plus tard, Leigh, mon épouse, m’appela chez David.

« Lorsque tu rentreras ce soir, fais le grand tour, dit-elle. Il y a eu une fusillade à Hungerford et la police a bouclé la ville. Tous les bulletins ne parlent que de ça. »

En effet, le massacre de Hungerford fit la une ce jour-là, à l’exclusion de toute autre actualité. L’histoire fit le tour du monde. Un jeune marginal du nom de Michael Ryan avait tiré dans le tas en plein centre-ville avec un kalachnikov. En moins d’une heure, il avait réussi à tuer quatorze personnes, y compris plusieurs enfants, et à en blesser gravement quinze. Finalement, encerclé par la police, il préféra se donner la mort. Le siège final se déroula dans l’école que j’avais remarquée, celle qui se trouvait sous l’étrange source de lumière.

Ce n’est que plus tard que je compris que je n’étais pas à Hungerford « à ce moment-là ». L’importance de la catastrophe avait relégué toute notion d’implication personnelle. C’était un véritable drame : les fusillades de ce genre sont rares en Angleterre et provoquent toujours une vive émotion. Ni la police ni les criminels en général ne sont armés. La nature même de Hungerford renforça encore cette émotion. Par bien des aspects, c’est une bourgade anglaise typique avec des centaines de belles petites demeures dont la plupart datent du XIXe siècle, et ses boutiques se spécialisent dans l’artisanat, les antiquités ou les livres d’occasion. Pour ceux qui y vivent, Hungerford est une véritable communauté unie ; par la suite, lorsqu’on reproduisit les événements qui menèrent au massacre, on constata que tout le monde connaissait les victimes. La ville entière était en deuil.

En fait, ceux qui étaient bien là en ce jour fatal souffraient avec une telle intensité que je n’aurais jamais eu l’impertinence de me comparer à eux. Durant mon bref trajet le long de la grand-rue, je n’avais pas couru le moindre danger, je n’avais pas entendu le moindre coup de feu et n’avais même pas eu l’impression qu’il se passait quelque chose d’extraordinaire ; et pourtant, lorsque je vérifiai le minutage, je réalisai que, durant les quelques minutes où j’avais traversé Hungerford, Michael Ryan avait déjà entamé sa croisade meurtrière.

Dans son autobiographie À Sort of Life (1971), le romancier Graham Greene décrit un incident qui se produisit alors qu’il se trouvait à l’hôpital pour se faire opérer de l’appendicite. On avait amené un jeune homme de dix ans qui avait la jambe cassée. Les docteurs conseillèrent aux parents de rentrer chez eux, mais un peu plus tard il y eut des complications et on dut les faire revenir, juste à temps pour assister à la mort du jeune garçon. Tandis que la plupart des autres patients mettaient leurs radios à fond pour couvrir les lamentations de la mère, Greene préféra écouter et regarder. « Au cœur de chaque écrivain, écrivit-il avec une prescience effrayante, il y a un bloc de glace. Je savais qu’un jour ce moment me servirait. »

Après Hungerford, un bloc de glace se logea au plus profond de moi et refusa d’en sortir.

La vie reprit son cours. Je traversais toujours Hungerford de temps en temps, mais je ne m’y attardais jamais et regardais droit devant moi. Parfois, Leigh et moi allions y faire des courses, et à chaque fois nous espérions ne pas croiser un visage que la télévision nous avait rendu familier. Il planait sur la petite ville une aura d’angoisse et de tragédie. Quiconque s’aventurait à Hungerford ou même s’en approchait pouvait voir les effets dévastateurs du deuil collectif. En un mot, la bourgade était engourdie.

Je ne savais trop comment relater par écrit mon expérience fort restreinte, et pourtant cette idée refusait de me quitter. Tout ce dont je disposais, c’était de vagues impressions sur le caractère irréel des faits, plus une autre plus inquiétante qui voulait que le massacre ait relégué dans l’ombre tous les autres événements de cette journée pour créer une sorte d’amnésie collective. Que s’était-il donc passé dans le monde en ce 19 août 1987 ?

En attendant que ces éléments trouvent leur cohérence, je reléguai les événements de Hungerford au plus profond de mon esprit et préférai entamer mon roman Une femme sans histoires. Un peu plus tard, j’écrivis Le Prestige. Ni l’un ni l’autre ne parlaient de fusillades.

Les années passèrent. Parfois, je m’étonne de la lenteur avec laquelle un roman peut germer. En ce cas, en plus des problèmes habituels liés à la paresse, j’étais bloqué par ma propre présomption.

En gros, avais-je le droit d’exploiter ce fait divers pour en tirer un roman ? Mes propres sentiments de détresse étaient tout aussi forts que ceux des nombreuses personnes qui n’étaient impliquées que de façon marginale. J’y réfléchissais à chaque fois que je passais par Hungerford. Pour tous ceux qui y étaient mêlés, ce massacre était trop personnel, trop inexplicable. Selon la phrase de Greene, je ne pensais pas que ce moment puisse me servir un jour.

Puis il y avait aussi la question des armes à feu. Vivant dans un pays où peu d’armes de ce genre traînent dans des demeures privées, je n’avais pas à prendre position sur ce problème. Bien sûr, leur contrôle est une question autrement plus importante dans d’autres pays, surtout aux États-Unis, mais pas en Angleterre. Nos lois anti-armes à feu, adjointes à une certaine disposition nationale allant contre l’usage privé de telles armes, ont empêché l’émergence d’un phénomène culturel quelconque sur ce point. Bien sûr, il y aura toujours quelqu’un pour violer ces lois. À l’époque du massacre, il était interdit à la plupart des citoyens de porter ou posséder des armes à feu.

Plus tard, bien qu’on ait prouvé que Michael Ryan ne pouvait être qu’un phénomène isolé, les lois devinrent encore plus restrictives.

Après la fusillade de Dunblane, en 1996, on changea à nouveau les régulations : du coup, toutes les armes à feu, « y compris les fusils de chasse », sont effectivement prohibées.

Pour devenir écrivain, il faut disposer d’ironie, de détachement, d’un sens de la métaphore ; mais rien de tout cela ne compte lorsqu’il s’agit de traiter d’un événement tel que celui de Hungerford. Et surtout, mes romans ne sont pas des récits « à thèse ». Ce sont des œuvres de pure imagination qui s’intéressent surtout à la mémoire, aux questions d’identité, de gémellité ou de doubles, et aux défaillances narratives. Il me semblait impossible d’écrire un roman qui traiterait du contrôle des armes à feu ; je n’avais jamais rien fait de tel et doutais de pouvoir présenter un point de vue original ou tout simplement intéressant.

Et pourtant, cette idée de roman ne me lâchait toujours pas et prit même la forme d’un récit. Par exemple, je m’intéressais à la dimension médiatique de l’événement et à la façon dont on avait occulté tout ce qui s’était passé ce jour-là pour se concentrer sur le massacre. Je me demandai si l’une de ces nouvelles ignorées de ce 19 août relatait un autre accident similaire qui se serait produit ailleurs. Un autre massacre si choquant en lui-même que, dans son propre pays, il aurait oblitéré « même temporairement » celui de Hungerford. Lorsqu’on finirait par réaliser que les deux événements étaient simultanés, comme un effet miroir, ils seraient liés pour la postérité. Peut-être présenteraient-ils d’autres similarités. Cette idée de coïncidence, de dualité, ramenait le sujet dans mon propre territoire.

Nous avons fini par quitter la région de Hungerford ; je pus donc considérer l’affaire avec un certain détachement. Au début des années 90, je tentais d’explorer cette histoire par le biais d’un scénario TV commandé par la BBC. Il s’agissait d’explorer les motivations d’un tueur fou sous la forme d’un thriller psychologique. Le personnage central en était l’agent du FBI qui venait en Angleterre pour examiner les liens possibles entre deux fusillades qui s’étaient déroulées le même jour. J’intitulais le script The Cull, « Le Choix », ce qui donne une indication sur la façon dont je raisonnais. Au final, la BBC abandonna l’idée et le script devait rester inachevé, mais le simple fait d’avoir rédigé cette histoire m’avait enfin aidé à mettre en forme une histoire basée sur cet événement.

J’apportai le tout à mon éditeur anglais et suggérai qu’il y avait une idée de roman là-dessous. Il en tira les mêmes conclusions et nous avons passé un accord.

Quelques semaines plus tard, alors que le contrat venait d’arriver et quelques secondes après que j’eus renvoyé mon exemplaire signé, un marginal d’une trentaine d’années du nom de Thomas Hamilton investit l’école primaire de Dunblane et abattit seize enfants ainsi que leur professeur.

J’avais alors mes propres enfants, et ils étaient du même âge que les victimes de Dunblane. Cette même semaine, ils m’avaient apporté leurs photos de classe où les enfants et les profs faisaient cheese à l’unisson devant l’objectif. Ces clichés innocents me parurent identiques à ceux de Dunblane, qui apparaissaient à la une de tous les journaux. Ce roman me paraissait déjà difficile à écrire, mais maintenant il relevait de l’impossible. D’un côté, l’ampleur des événements extérieurs semblait conspirer contre moi, de l’autre, je ne cessais de douter. Je refusais d’écrire un roman qui puisse être considéré comme une œuvre de pure exploitation de la tragédie. Tous mes instincts me conseillaient d’abandonner cette idée.

Mais le bloc de glace cher à Greene était toujours en moi, et de plus j’avais signé un contrat avec mon éditeur, ce qui n’est pas rien.

Je connus une de ces périodes d’hésitation typique de la plupart des écrivains et qui, dans mon cas, n’avait rien d’inhabituel. Quelques mois plus tard, je daignai me mettre au travail, mais ce premier jet inachevé ne valait rien. Je comptais « novellser » mon propre scénario TV en pensant qu’au moins il me fournirait un point de départ. En général, mes romans commencent à prendre vie une fois que je me suis immergé dans l’écriture, et je pensais ou espérais qu’il en serait de même cette fois-ci. Eh bien non : le script de The Cull semblait bref et brut ; pour le développer, je devrais avoir recours à des pages et des pages de tirage à la ligne. Après quelques mois de travail sans intérêt, j’abandonnai la partie pour me lancer dans l’écriture d’un récit pour la jeunesse.

À nouveau, cette rupture engendra un certain détachement. Je commençais à oublier le détail de ce qui s’était produit à Hungerford.

J’avais tellement revu ces événements dans mon esprit que j’avais perdu de vue la ligne entre ce qui s’était effectivement passé et ce que j’avais recréé. Pour moi, c’était un bon signe. Des souvenirs discutables peuvent être plus utiles à un romancier que des recherches précises ; il suffit de trouver la bonne approche.

Restait l’agent du FBI. Une idée à demi développée sauvée du script TV et basée sur l’un de ces détails triviaux qui restent dans votre mémoire. Je savais que le FBI utilisait une sorte de jeu vidéo d’arcade avec des revolvers pour apprendre à ses agents comment réagir dans certaines situations. En faisant un pas en avant, on pouvait facilement les imaginer utiliser un système de réalité virtuelle complet.

La réalité virtuelle est devenue un des gadgets familiers des récits de science-fiction, mais le parallèle entre cet univers et ce sentiment d’irréalité que j’avais détecté à Hungerford lui donnait une utilité purement métaphorique.

Mais la clé d’un roman, n’importe lequel, vient au moment où vous découvrez par quel biais vous pouvez être impliqué personnellement dans cette histoire. Mon implication dans les événements de Hungerford était très mince : j’avais été momentanément distrait par un point de lumière.

Ce pouvait être le début d’une migraine, ce pouvait être une fusée militaire, ce pouvait être un simple produit de mon imagination.

Lorsque j’avais raconté mon histoire, certains crurent que je prétendais avoir vu un ovni ou quelque chose comme ça. Je sais que quelque chose a attiré mon attention, et je ne sais toujours pas ce que c’est. Mais en même temps, je ne pourrais jurer que tout cela s’est réellement produit.

Après avoir terminé mon conte pour enfants, je me remis à ce roman. Je commençai par changer le titre : il s’appellerait désormais Les Extrêmes. Libéré de cette notion de choix, de ces meurtres et de l’obligation de devoir expliquer la cause de ces explosions de violence, je préférai imaginer l’univers intérieur d’un psychopathe, réfléchir aux bordures de la réalité, à la fragilité des souvenirs. Les Extrêmes devint un roman que je pouvais écrire.

Dans son autobiographie, Graham Greene enjoint aux romanciers de rester dans l’ignorance de leur propre personnalité et de développer leur faculté d’oubli. « Ce qu’oublie un romancier, déclare-t-il avec force, est le terreau de son imagination. »

Il y a des événements plus difficiles à oublier que d’autres, il y en a qu’on ne devrait jamais oublier, mais un romancier n’est pas un historien, et un roman n’est pas forcé de respecter la vérité historique. S’écarter de la réalité, se détourner d’une lumière aveuglante, est la seule façon de découvrir comment il doit être écrit.

 

CHRISTOPHER PRIEST

 

 

 

FIN



[1] Aux États-Unis, le rez-de-chaussée est appelé premier étage. (N.d.T.)

Les Extrêmes
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